11 nov. 2009

Après la libération des détenus d’El Ançor


Le mouvement de solidarité s’élargit

Les alentours de la maison d’arrêt d’Oran ont été, lundi, jusqu'aux environs de 21h30, le théâtre de grands moments d’émotion et de joie, suite à la libération d’une vingtaine de mis en cause dans les émeutes qui ont secoué, le 27 octobre dernier, la paisible localité d’El Ançor. Près d’une centaine de personnes entre membres de la famille de détenus, amis, voisins, habitants d’El Ançor, et un nombre important de représentants de la société civile se sont massés dès l’après-midi, devant les portes de la prison. Pas moins d’une trentaine de voitures attendaient la sortie des détenus. Un accueil chaleureux et triomphal leur a été réservé. Des you-yous très nourris ont retenti au moment où, le premier détenu a franchi la porte de sortie de l’édifice. L’ambiance était très émouvante et des larmes ont coulé sur les visages des hommes et des femmes. Très émus, des détenus nous ont confiés leur sentiment de soulagement après avoir retrouvé leur liberté et de revoir enfin les leurs. Le premier que nous avons rencontré a été le jeune Karaou Mustapha, secrétaire général de la commission communale sportive, qui nous dira: «Nous avons été arrêtés pour une cause juste. Les carrières ce n’est pas nous, ce sont eux qui n’ont pas appliqué les dispositions légales. Moi j’ai été arrêté au moment où, j’appelais au calme et je tentais de protéger les biens publics. J’ai demandé aux manifestants de lever l’emblème national et la photo du président de la République. Je regrette que nous n’ayons pas eu le soutien des responsables. Je salue la population d’El Ançor qui nous a soutenus». Quant à Derfaoui Brahim, un jeune de 22 ans relaxé, il nous a déclaré ne pas être concerné par les manifestations puisqu’il habite au douar Boudjemâa. Sur sa présence à El Ançor, Brahim dira «Je suis partis à El Ançor pour ramener ma tante à Hassi Bounif», et rajoute: «J’ai été arrêté dés que je suis rentré au village alors que la situation était calme, il n’y avait que les gendarmes». Bekrater Ahmed, un père de 03 enfants, entouré par ses proches, nous annonça avoir était arrêté dans son domicile vers 23 heures. Et ajoute: «Je n’ai pas compris pourquoi les autorités n’ont pas voulu qu’on manifeste, alors que nous souffrons de l’exploitation de ces carrières. J’ai été surpris par les gendarmes dans mon domicile au milieu de mes enfants», conclu-t-il. Un autre jeune, Belili Saddam El Hocine, âgé de 18 ans, n’est pas passé par trente six chemins pour exprimer son sentiment de révolte en disant: «On m’a arrêté au moment où j’allais chercher mon petit frère à l’école, et voilà que je me retrouve incarcéré pour 15 jours». Le grand moment a été la sortie du président de l’association pour la Protection de l’Environnement et du Patrimoine Historique «ONZA», M. Mrah Naceri, surnommé par la population d’El Ançor de «Cheikh». Ce dernier déclare: «J’ai défendu une cause juste, j’ai la tête haute et je ne regrette rien». Cet évènement de soutien a été aussi marqué par la présence de responsables et militants de la société civile, entre autre, ceux la Ligue des Droits de l’Homme du bureau d’Oran et le mouvement citoyen de Béthioua, ainsi que le Comité d’Initiatives et de Vigilance Citoyenne. Dans la même soirée et à l’entrée d’El Ançor des dizaines de citoyens ont accueilli les détenus libérés avec des fleurs, des you-yous, sous le rythme des klaxons des voitures, nous a-t-on appris.

A. Kader



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