2 févr. 2010

Les oiseaux migrateurs «boudent» les zones humides de la wilaya d'Oran


En dépit de leur rôle important dans les processus vitaux, entretenant des cycles hydrologiques et accueillant poissons et oiseaux migrateurs, les zones humides sont de plus en plus menacées et sont détruites à un rythme sans précédent. Les zones humides d'Oran, siège d'une biodiversité sans pareille, groupée sur de petites étendues, n'échappent pas à une dynamique de destruction inégalée qui remet en cause l'existence d'un nombre élevé d'espèces floristiques et faunistiques. L'impact le plus important est celui de la disparition de certaines plantes rares ou rarissimes, ainsi que quelques espèces d'oiseaux. Le recensement international (du 17 au 21 janvier) d'oiseaux d'eau durant la période hivernale fait état de 48.696 oiseaux contre 97.918 l'année dernière au niveau des zones humides de la wilaya, soit une diminution de 50% par rapport à l'année écoulée.

Les oiseaux d'eau migrateurs, qui ont élu refuge dans les zones humides de la wilaya cette année, représentent 35 espèces dont 27.173 oiseaux d'eau comme les anatidés, et 2.500 oiseaux du genre «foulque mac roule» et 19.023 autres espèces, selon la même source. Selon des sources de la conservation des forêts, les raisons de la diminution du nombre de ces oiseaux migrateurs du nord au sud, à la recherche de la chaleur, sont dues aux conditions défavorables dans ces zones humides à certaines étapes de la migration qui commence en novembre. La sécheresse et le manque de nourriture incitent ces volatiles à prolonger leur parcours vers d'autres régions. En référence aux statistiques de cette année, la zone humide Oum Ghellaz, dans la commune de Oued-Tlélat, est considérée comme l'une des zones où le plus grand nombre d'oiseaux a migré, soit 19.786, suivie de celle du lac Tilamine avec 17.782. Le reste des espèces ornithologiques se répartit sur les zones de la grande Sebkha, la marée de Mactaâ, Dhayet Bagra, Dhayet Morsli, les salines d'Arzew et Sidi Chahmi.

La zone humide d'Oum Ghellaz occupe la première position pour ce qui est du nombre d'espèces d'oiseaux qui s'y sont installés, estimé à 21 espèces, suivie du lac Tilamine avec 17 espèces et Dhayet Bagra avec 16 espèces. Actuellement, on constate une réelle volonté de renverser cette tendance et l'Algérie, en tant que partie contractante à la Convention de Ramsar sur les zones humides, se préoccupe de la sauvegarde et de la gestion rationnelle de ces milieux et cherche à en connaître les aspects socio-économiques. Dans ce contexte, un réseau national d'observateurs ornithologues, chargé du recensement et du suivi de l'avifaune dans les zones humides en Algérie, devrait être créé. Ce réseau, dont l'arrêté ministériel de création a été transmis l'année dernière au Gouvernement pour adoption, a pour but de «renforcer la protection au niveau national et international de l'avifaune, à travers la mise en place d'un dispositif d'observation et de suivi».

L'Algérie, de par l'importance nationale et internationale de ses zones humides et le nombre sans cesse grandissant d'oiseaux qui les peuplent, oeuvre à mettre en place une organisation technique et administrative qui prenne en charge le suivi de l'avifaune tant hivernante que nicheuse.

Cette faune est considérée par les scientifiques comme étant un excellent indicateur de l'état de santé des milieux naturels. Le recensement des oiseaux d'eau en Algérie est effectué actuellement par des équipes de la DGF, en partenariat avec Wetlands International, organisme chargé de la compilation et de la transmission de l'information au niveau mondial. Cette opération, qui se fait chaque année dès la première semaine de janvier, fait partie des recensements internationaux établis au même moment en Europe, en Asie et en Afrique.

Quelque 1.451 zones humides sont recensées en Algérie, dont 762 naturelles et 689 artificielles. En outre, 47 sites algériens ont été classés sur la liste Ramsar des zones humides d'importance internationale en 2010, contre 42 en 2009, alors que 13 autres sont en cours de classement. Les 47 sites classés couvrent une superficie de 3,02 millions d'hectares, pouvant s'étendre à 3,5 millions ha en y incluant les 13 autres zones en cours de classement.( J.Boukrâa Le Quotidien d' Oran )