20 mars 2010

L’environnement, le dernier des soucis (21 Mars 2010, L'Echo d'Oran )


La célébration de la Journée mondiale de l’environnement, chez nous, prête à rire car, sur le terrain, cet environnement qui est le nôtre et est censé être protégé souffre énormément.Il a besoin d’actes concrets pour sa protection et non pas de fanfares ou de paroles en l’air, ça ne demande que l’application de la loi contre les pollueurs sans distinction de nom ni de rang.Ce qui se passe dans une partie de la zone d’activité de Hassi Ameur est un véritable scandale: les eaux usées contenant dans certains endroits des huiles se déversent à ciel ouvert dans le canal qui, semble-t-il, débouche dans le lac Talamine; dans d’autres endroits, ces eaux usées se déversent en pleine nature et sur des voies de passage.A commencer par la route nationale qui mène de Hassi Bounif vers Hassi Ameur, près de certaines usines et au bord de cette route où les eaux usées débordent et inondent une importante superficie, y compris une partie de la chaussée, et ce depuis plus d’un mois.A l’intérieur de la zone d’activité, le constat est amer pour ne pas dire que c’est la catastrophe.Le canal à ciel ouvert, large d’au moins quatre mètres et long de quelques centaines de mètres, situé entre plusieurs usines, offre un spectacle désolant. Il est complètement envasé, les eaux usées stagnent et les odeurs qui s’y dégagent sont répugnantes, des ouvertures pour l’évacuation de ces eaux sont creusées dans les murs d’enceinte de certaines usines afin de permettre leur écoulement vers le canal à travers de simples rigoles.Dans d’autres endroits, les eaux usées inondent carrément des espaces libres et des voies de passage, comme c’est le cas sur le large passage de l’îlot n°642 qui est impraticable pour les piétons, ou encore comme la route de l’îlot n°643 où les eaux usées jaillissent d’un large trou situé au milieu de la chaussée, pour aller ensuite inonder une importante superficie de l’accotement.Le comble, c’est que toutes ces eaux ainsi que celles des localités de Sidi El Bachir, haï Chahid Mahmoud et de Hassi Bounif se jettent dans le canal des eaux pluviales de la voie ferrée que les services des chemins de fer ont réalisé, car dans ceux-ci, une brèche a été ouverte provisoirement en attendant la réalisation d’une station d’épuration. Un provisoire qui dure depuis plus de dix ans maintenant. Et comme celui-ci n’a pas de limite, il peut durer éternellement. En face de la station de relevage de Hassi Ameur, juste après la voie ferrée, c’est un autre canal dont une insignifiante partie est couverte et qui est complètement saturé par la vase et les eaux usées. A sa proximité, ces dernières stagnent dans un vaste terrain. Elles contiennent une consistance huileuse qui colle aux chaussures comme une gomme.A notre arrivée dans ce lieu précis, nos gestes étaient surveillés par deux agents de sécurité d’une usine; l’un s’est installé sur le toit d’un local de celle-ci et le second est sorti pour nous surveiller de près, ce qui nous laisse penser que cette pollution est sous protection des habitants de la localité de Hassi Ameur qui n’ont pas caché leur mécontentement face à cette situation catastrophique en se confiant à nous.«Il faut voir ce que nous endurons en été, nous ont-ils dit; pendant cette période, les moustiques et les mauvaises odeurs nous empoissonnent la vie.Certains riverains souffrent de maladies respiratoires et d’autres de maladies de la peau, mais que pouvons-nous faire, nous n’avons aucun pouvoir. Même ceux qui détiennent ce pouvoir semblent incapables de faire appliquer la loi; tout le monde est au courant de cette situation dégradante car elle n’est ni souterraine ni invisible.»Deux jeunes riverains que nous avons rencontrés près de la voie ferrée et auxquels nous avons demandé leur avis sur la Journée mondiale de l’environnement ont éclaté de rire avant de répondre: «Que pensez-vous de cette catastrophe en nous indiquant du doigts le canal et les espaces libres où se déversent à ciel ouvert les eaux usées ?C’est aux responsables concernés de venir voir de près ce qui se passe ici, et c’est à eux de nous dire, et à partir de ce lieu, ce qu’ils ont fait et ce qu’ils en pensent de notre environnement ?»Tous les habitants que nous avons rencontré sur place se demandent où sont les autorités compétentes, que fait la direction de l’Environnement ainsi que la direction de la Gestion de cette zone et qu’attendent les élus pour prendre les mesures qui s’imposent pour mettre un terme à cette catastrophe écologique et préserver la santé des citoyens ? Dans quelques jours aura lieu la célébration de la Journée mondiale de l’environnement; on va sûrement nous raconter que la situation s’est nettement améliorée… jusqu’à provoquer le débordement des eaux usées dans des champs agricoles, dans certaines rues et dans certains quartiers.

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